18/09/2015

Société Générale


20 millions de dollars disparus dans une transaction pétrolière 



Le tycon du pétrole nigerien

À Genève, une société nigériane vient de faire perdre 20 millions de dollars à la Société Générale dans un tour de passe- passe qui implique aussi British Petroleum (BP). L'affaire est révélatrice des mœurs de la profession et permet de faire une plongée dans les arcanes de la corruption pétrolière au Nigeria qui dispose de relais en Suisse. 

Il se passe de drôles de choses à Genève, l'un des centres mondiaux du négoce de matières premières. Pas un mois sans qu'une société de trading ne soit confrontée à un litige, un problème de retard ou de qualité de pétrole ou qu'une banque ne se ronge les sangs avec un financement qui n'aboutit finalement à aucune transaction, faute d'une logistique suffisante pour livrer la marchandise.
Mais cette fois-ci, l'affaire est singulière. La petite antenne genevoise de la Société Générale, dédiée au financement de matières premières (Société Générale Corporate and Invesment Banking), se débat actuellement dans une sale histoire de pétrole nigérian.

Elle vient d’enregistrer une perte de 20 millions de dollars, pour avoir financé une transaction pétrolière pilotée par Taleveras, une société nigériane au profil passablement entaché, fondé par le multi-millionnaire de 40 ans Igho Sanomi, une star dans son pays. L’opération, dans laquelle figure également British Petroleum (BP), ressemble à un tour de passe-passe et elle commence à s’ébruiter chez les concurrents bancaires genevois et certains spécialistes du négoce. « En traitant avec une société qui a aujourd'hui beaucoup d'ennuis au Nigeria, la banque a pris de très gros risques. Elle passe maintenant pour la plus stupide de la place », remarque une source.

Que s’est-il passé ? En juin dernier, Taleveras s’est adressée à la Société Générale CIB alors qu’elle venait d’obtenir un cargo de brut nigérian. Une lettre de crédit d’une valeur de 50 millions de dollars était émise par la banque en faveur de la Nigerian National Petroleum Corporation (NNPC), la société étatique pétrolière. Taleveras a ensuite livré la marchandise à British Petroleum (BP) qui aurait dû rembourser la Société Générale de 50 millions.

Mais au lieu de cette somme, BP s’est acquitté de seulement 30 millions, laissant un trou béant de 20 millions. Stupéfaite, la banque a alors découvert qu’une opération de compensation s’était déroulée dans son dos, faisant d’elle le dindon de la farce. Suivant une transaction parallèle, BP a livré à Taleveras une cargaison de produits pétroliers d’une valeur de 20 millions de dollars destinée à être importée au Nigeria. Cette somme a été déduite des 50 millions. Le micmac est total.

L’antenne genevoise de la SGCIB compte une vingtaine de spécialistes. Elle avait été ouverte en 2010 pour attirer les « petits clients », petites sociétés de négoce russes ou africaines. Alors que BNP Paribas, Crédit Agricole et ING se partagent plutôt les gros négociants.

La banque ne pouvait ignorer que Taleveras avait de gros ennuis au Nigeria. Depuis quelques mois, le nom de cette société est régulièrement cité, aux côtés de ceux d’autres négociants également installés en Suisse, dans le cadre d'enquêtes lancées par le nouveau président.
Muhammadu Burahi, l’ancien dictateur de 72 ans, est entré en fonction le 29 mai 2015, battant le président sortant Goodluck Jonathan. Il dit vouloir s'attaquer aux deux maux qui rongent l’immense pays de 173 millions d’habitants : le groupe terroriste Boko Haram et la corruption endémique qui règne, surtout dans le secteur pétrolier et gazier qui représente 57 % des recettes du pays. Le nouvel homme fort d'Abuja connaît bien le sujet pour avoir été ministre du pétrole et des ressources naturelles dans les années 1970. Il est le fondateur de la Nigerian National Petroleum Corporation (NNPC), l’entreprise étatique (exploration, production, raffinage, transport), aujourd'hui gangrenée par le népotisme et les malversations en tout genre.

Muhammadu Burahi, qui cultive une image d'homme propre, estime à quelque 150 milliards de dollars le montant volé au Trésor public au cours de la dernière décennie. En février 2014, le gouverneur de la banque centrale avait chiffré à 20 milliards de dollars les recettes pétrolières non remises par la Nigerian National Petroleum Corporation (NNPC) au budget de l’État, entre janvier 2012 et juillet 2013. Acculés, le président Goodluck Jonathan et sa très controversée ministre du pétrole, Diezani Alison- Madueke, avaient commandé un audit à Price Water House Cooper (PwC). Son contenu, révélé fin avril 2015, a conclu que la NNPC n’était redevable « que » de 1,49 milliard de dollars.

Plus rien dans les caisses


Le nouveau pouvoir qui a limogé les membres du conseil d'administration de la NNPC le 26 juin dernier, a mandaté un autre cabinet pour réaliser une second audit. Certaines juteuses opérations pétrolières qui se sont multipliées sous le règne de Goodluck Jonathan sont sous la loupe. En particulier les « crude oil swaps contracts » ou SWAP, ces contrats de troc pétroliers très opaques dont Taleveras et une demi-douzaine de sociétés ont bénéficié, sans appels d'offres.

Mis en place depuis 2010, les contrats Swap permettent à la NNPC d’allouer environ la moitié de sa production domestique de brut (soit 445 000 barils par jour) à des traders. Ils se déclinent sous deux formes. Les premiers, « Refined Product Exchange Agreement» (RPEA), autorisent les négociants à vendre ces volumes sur le marché international et à livrer en échange l’équivalent, en valeur, de produits pétroliers raffinés. Alors que dans les « offshore processing Agreements » (OPA), les traders reçoivent du brut et l’acheminent dans une raffinerie étrangère déjà définie – généralement en Afrique de l’Ouest – puis importent au Nigeria le même volume de produits pétroliers.

Le Nigeria, premier producteur de pétrole en Afrique (deux millions de barils par jour), ne compte que trois raffineries, et est contraint d’importer environ 80 % de ses besoins en essence, kérosène et mazout. Les accords Swap étaient ainsi censés mettre fin aux pénuries. Mais ils ont surtout permis à certains d'engranger de colossaux bénéfices, sans que la situation ne s'améliore. Un connaisseur du Nigeria explique qu'avec ce système de troc « de nombreuses manipulations sur les options de prix sont possibles, quand il ne s’agit pas tout simplement de vendre au noir une partie du brut et de faire de faux documents certifiant que l’essence ou le kérosène a été livré au Nigeria. Certains se sont fait plaisir ! ».

De février 2011 à décembre 2014, Taleveras a reçu au titre des contrats RPEA 30 000 barils par jour comme le montre une minutieuse étude de l'ONG Natural Resource Governance Institut qui vient de paraître. Cinq autres sociétés se partageaient le gâteau : Trafigura et Sahara Energy Ressources, basées elles aussi en Suisse, Ontario, Aiteo et British Petroleum via une joint-venture avec la NNPC (pour la seule année 2010).
Selon la lettre spécialisée Africa Intelligence, tous les contrats Swap en cours ont été annulés fin août. L'heure des comptes a maintenant sonné.

En juin dernier, une enquête de This Day, le grand quotidien national privé nigérian, révélait que la commission anti-corruption du pays (Economic and Financial Crimes Commission, EFCC) et le Département de la sécurité intérieure (DSS) s'étaient emparés du sujet. Plusieurs responsables de la NNPC et des directeurs de société de négoces ont été interrogés pas la DSS, dont le patron et actionnaire de Taleveras, Igho Sanomi, qui a vu son passeport confisqué jusqu'à ce qu'il accepte de collaborer. Le businessman a connu ces cinq dernières années une ascension fulgurante du fait de ses liens avec l'ancienne ministre du pétrole Alison- Madueke qui est aujourd'hui la cible de tous les soupçons de corruption.

Selon This Day, Taleveras a finalement été sommée de rembourser la somme de 115 millions de dollars, ce que l'on suppose être l’équivalent de produits pétroliers qu’elle n’avait pas livrés au Nigeria, en violation des accords Swap. La société a contesté qu’un tel montant lui avait été réclamé. Mais elle a finalement reconnu qu'elle devait au Nigeria « trois à quatre cargaisons d’essence » qui n'avaient pas encore été livrées dans le cadre des accords Swap. Au cours du mois de juin, plusieurs cargos ont été acheminés. Mais la confusion règne sur la marchandise qui n'est pas encore entrée dans le pays. Des rumeurs de séquestre circulent. « Les bateaux attendent dans les eaux offshore du port. Car comme d’habitude, il y a un énorme embouteillage pour décharger les produits », explique l’un des administrateurs genevois de la société. Cet ancien de BNP Paribas ajoute que « tout est maintenant en règle par rapport à ces cargaisons ».

Mais l'histoire est loin d'être finie à Genève. Tout s'est passé comme si Taleveras, pressé de se dédouaner au Nigeria en livrant de l'essence, n’avait pas trouvé d’autres moyens que de faire endosser la perte à la Société Générale. Avec à la clé une opération de compensation réalisée dans l'ombre. Taleveras qui réfute toute manœuvre pointe du doigt la malveillance d'éventuels « concurrents » en cette période de transition. Et se défausse sur British Petroleum (BP). « À deux reprises, nous avons refusé que BP fasse cette opération de compensation, mais elle a agi contre notre volonté. Nous sommes en plein litige. Notre but n'était pas que Société Générale se retrouve avec un tel trou », assure- t-il. Contacté, BP dit n’avoir « aucun commentaire à faire ».

La Société Générale n'a pas voulu répondre à nos questions. Elle se démène pour récupérer ses vingt millions auprès de Taleveras. Ce qui n'est pas une mince affaire. La société nigériane dit envisager une augmentation de capital. Car pour l'instant, les caisses sont vides et l'actionnaire Igho Sanomi, qui vit maintenant à Dubaï, est aux abonnés absents. « Tout cela sent très mauvais. Taleveras a fait d’énormes profits avec les contrats Swap, entre 60 et 80 millions de dollars par an selon les calculs. Et elle n’aurait même pas 20 millions de dollars pour compenser une banque ? On peut se demander où est passé l’argent et dans la poche de qui il est allé ? » interroge un spécialiste des affaires nigérianes.




14/09/2015

Kazakhgate

Diplomatie économique






Kazakhgate




Prenez un sénateur du MR du nom de Armand de decker qui plus est Bourgemestre d'Uccle, sont assistant Jonathan Biermann, avocat au barreau de Bruxelles depuis 2003, échevin MR d'Uccle depuis 2013 aux Travaux, à la Mobilité et au Stationnement et aux Nouvelles technologies, conseiller d'Armand De Decker lorsqu'il était président du Sénat, de fin 2007 à 2012. Tous c'est personnage qui occupe des mandats publique et qui se serve de leurs mandat pour s'enrichir avec la mafia et la diplomatie etrangere se sont mis plein les poche, 730 000 euros pour le sénateur Armand de decker, son assistant Jonathan a touché 190 000 euros. Ses messieurs se sont mis au service de la mafia de l'Azerbaïdjan présente en Belgique au service de la diplomatie économique de la France. Le plus beau dans l'histoire c'est que c'est la police française qui fait le travail de la police belge, qui elle est totalement effacée dans l'histoire. Servir les intérêts des pays étrangers alors qu'ont n'est censé servir les intérêts de sont pays mérite que la Sureté de l'état s'intéresse a c'est belges qui serve les puissances étrangères. Pour bien comprendre cet magouille qui implique des politiques, il est utile de regardé le documentaire présenté par Cash investigation.

Comme l'indique le juge Grouman (en charge de l'enquête, en France) dans un document, "aucune note d'honoraires émanant du cabinet" de Me De Decker n'a été découverte. Il poursuit : "Me De Decker n'est jamais mentionné, à l'inverse de ses confrères, parmi les avocats intervenus lors des différentes réunions [...] A la demande de M. Étienne des Rosaies (chargé de mission à l'Élysée du temps de Sarkozy et mis en examen en France), il ne fallait pas que Me De Decker apparaisse." La justice française nourrit donc de forts doutes sur le rôle réel joué par l'homme politique belge. A-t-il vraiment été partie prenante ? S'est-il contenté de faciliter la tâche à Me Degoul ? "MeDegoul allait voir le lobbyiste De Decker qui lui ouvrait toutes les portes, a pourtant confirmé Guy Vanden Berghe (un ingénieur belge à la retraite soupçonné d'avoir joué les intermédiaires entre les Kazakhs et l'Élysée, poursuivi par la justice française lui aussi). Il me semble qu'elle était mise en relation avec De Decker directement de Paris à Bruxelles par téléphone entre homologues du même niveau, Guéant pour la France et [Didier] Reynders pour la Belgique [...] Elle me disait qu'elle travaillait 'avec le Château', c'est-à-dire l'Élysée."

Le Monde révèle, aussi "cet e-mail saisi par les policiers : adressé par M. Étienne des Rosaies, le 19 juin 2011, à Nathalie Gonzalez-Prado, assistante personnelle de Claude Guéant. Il est en fait destiné au ministre de l'Intérieur (il commence d'ailleurs par la formule "Monsieur le ministre") et, à travers lui, au président de la République ("Pour information du PR", précise l'e-mail). "Vendredi 17 juin à 17 h 30, le ministre de la Justice belge a annulé les trois chefs d'inculpation à l'encontre de l'homme d'affaires du Kazakhstan Patokh Chodiev (ami personnel et financier du président ­Nazarbaïev) qui avait sollicité le PR il y a deux ans pour trouver un soutien politique en Belgique en faveur de son ami et ses associés MM. Machkevitch et Ibragimov", résume Étienne des Rosaies. "J'ai donc suivi cette affaire depuis dix-sept mois pour Damien Loras[conseiller diplomatique de M. Sarkozy de janvier 2011 à mai 2012, NDLR] en mettant en place un groupe de travail en Belgique piloté par Catherine Degoul, avocate, en sollicitant le ministre d'État Armand De Decker", ajoute l'ancien préfet, qui affirme encore : "Pour résoudre cette affaire, un texte de loi a été voté il y a un mois, organisé et suscité par Armand De Decker, qui a sensibilisé trois ministres : justice, finances et affaires étrangères." "M. Chodiev, conclut-il, a une dette - je pèse mes mots - immense à l'égard de la France."

Afin de faciliter la vente de matériel français de chez Eurocopter (des locomotives et des hélicoptères) au Kazakhstan pour un montant de 2 milliards d'euros, des proches de l'ancien président Nicolas Sarkozy auraient exercé des pressions en faveur du vote en Belgique en 2011, de la loi sur la transaction pénale en matière fiscale. M. Chodiev, poursuivi pour divers chefs d'inculpation dans l'affaire Tractebel, en a ensuite bénéficié d'un non lieu en échange d'une transaction pénale ...








13/09/2015

Investissements en Iran

Iran




Iran



La fin des sanctions contre Téhéran aiguise les appétits en Allemagne, un pays autrefois premier partenaire économique de l’Iran.

Après l’accord sur le nucléaire iranien, le monde des affaires allemand songe avec espoir à l’après-sanctions. Les principales fédérations professionnelles tablent sur un accroissement rapide du commerce extérieur une fois les restrictions levées [début 2016 au plus tôt]. “Si l’accord est effectivement appliqué et que l’Iran se retrouve à nouveau intégré à la communauté internationale, la taille de ce marché, qui représente 80 millions de personnes, et le besoin de modernisation du pays permettent à eux seuls d’envisager une croissance à deux chiffres dans les prochaines années d'apres Anton Borner, président de la fédération BGA. D’ici quelques années, le commerce pourrait certainement doubler par rapport au pic de 5 milliards d’euros de 2005.” Si l’Iran respecte ses obligations, il peut de plus espérer le déblocage de plus de 100 milliards de dollars qui ont été gelés sur des comptes à l’étranger.

Riche en pétrole, l’Iran est un partenaire des plus attrayants économiquement. L’Allemagne est l’un de ses partenaires commerciaux historiques, et elle en a même été longtemps le principal. L’adoption des sanctions en 2006, leur renforcement en 2010 et en 2012 ainsi que les pressions exercées par Washington sur les banques européennes qui finançaient les affaires ont provoqué l’effondrement des échanges entre les deux pays. En 2009, la Chine a finalement remplacé l’Allemagne au rang de premier partenaire de l’Iran. Les relations commerciales germano- iraniennes n'ont cessé de s’affaiblir de 2007 à 2014, mais l’année dernière les échanges sont repartis à la hausse : l’Allemagne a livré à l’Iran pour 2,4 milliards d’euros de marchandises, soit un bond de 30 %, tandis que l’Iran exportait vers l’Allemagne pour 300 millions d’euros de marchandises, en hausse de 8 %. L’Iran se trouve ainsi à la 62e place des partenaires commerciaux de l’Allemagne, derrière des pays comme la Colombie, l’Azerbaïdjan et le Qatar.

La Fédération de l’industrie allemande insiste sur le grand besoin de modernisation des infrastructures industrielles iraniennes. “L’industrie pétrolière, en particulier, ouvre de belles perspectives aux Allemands pour la construction d’équipements et de machines, assure Ulrich Grillo, son président. La construction automobile, l’industrie chimique, la santé et le développement des énergies renouvelables offrent également de nombreuses possibilités.”

Même son de cloche chez le groupe Siemens. Après des décennies d’isolement de l’Iran, les infrastructures sont complètement obsolètes. C’est le cas des routes et des voies ferrées, mais aussi des secteurs pétrolier et gazier. Selon les analystes, l’Iran a un besoin énorme de renouveler ses équipements d’extraction de brut, parce qu’ils ont été mal entretenus. Il lui faudra donc beaucoup de temps avant de revenir au volume de production d’antan, juge la banque Bayern LB. Or le pétrole brut représente près de la moitié des exportations du pays. D’après les estimations, le sous-sol iranien contient 10 % des réserves mondiales. Pour exploiter ses gisements de gaz - moins exploités [mais énormes, puisque le pays détient les plus importantes réserves prouvées de gaz au monde] -, l’Iran reste dépendant de la technologie étrangère. Le groupe allemand Linde pourrait ainsi voir s’ouvrir des perspectives dans la liquéfaction et les raffineries.

Consommation

C’est pour exploiter ces matières premières que les premières grosses commandes devraient tomber en cas de levée des restrictions. La consommation pourrait ensuite prendre le relais, même si, au pays du pétrole, le secteur de l’automobile joue aussi un rôle important. On songe aux constructeurs comme Mercedes, BMW, Audi et Volkswagen. Pour Siemens, les infrastructures énergétiques et le secteur des transports sont également intéressants. Le groupe avait déjà participé à la construction du chemin de fer transiranien dans les années 1930. Historiquement, l’Iran a aussi longtemps représenté un marché important pour le Mittelstand [les petites et moyennes entreprises allemandes] : certaines commencent déjà à ressortir leurs antennes. Herrenknecht, le leader mondial du percement de tunnels, mise sur la fin des sanctions. Martin Herrenknecht, son PDG, s’est d’ailleurs entrenu récemment avec des responsables à Téhéran - peut-être pour évoquer la construction de lignes de métro ou de canalisations.

Selon les estimations occidentales, le produit intérieur brut de l’Iran atteint 366 milliards d’euros, soit l’équivalent de celui des Lânder de Hesse et de Berlin réunis.

Un marché réputé difficile


La France se met elle aussi en ordre de marche pour retourner en Iran, notamment pour reconquérir les parts du marché de l’automobile perdues en raison des sanctions. “Peugeot et Renault dominaient autrefois le marché iranien", rappelle le Financial Times. Peugeot a d’ores et déjà jeté des jalons, en se rabibochant avec son ancien partenaire local, Iran Khodro. En voisin, la Turquie espère aussi de fortes retombées économiques de l’accord sur le nucléaire iranien. “Libye, Egypte, Irak, Syrie, Ukraine, Grèce et Russie, ces dernières années, tous ces pays avec qui la Turquie a des relations commerciales privilégiées ont affronté des crises, qui ont eu des répercussions négatives sur l’économie turque. Tranchant avec l’euphorie ambiante, le Wall Street Journal reste sceptique. Même si à terme les sanctions sont levées, les obstacles aux affaires vont perdurer en Iran, juge le quotidien américain. “La République islamique a la réputation tenace d’être un endroit difficile pour les étrangers qui veulent y faire du business.” En cause: la bureaucratie, la corruption et l’intervention du politique et des militaires dans les affaires.



06/09/2015

Le jeu diplomatique

Rachat d'Iran





diplomatie



L'accord sur le nucléaire signé avec Les grandes puissances a replacé le régime iranien dans la diplomatie. Au détriment, entre autres, d'Israël et de l’Arabie Saoudite.
Pour bien mesurer l importance de l'accord sur Le nucléaire signé le 14 juillet entre l'Iran et les Etats-Unis - et accessoirement les autres Etats membres permanents du Conseil de sécurité de L ONU, plus l'Allemagne -, il suffit d'écouter les critiques Les plus acerbes. Du Likoud israélien aux néoconservateurs américains, en passant par une partie de l'extrême gauche européenne [par haine des Etats-Unis), les cris d'orfraie ont été si violents qu'une conclusion s'impose : cet accord ne doit pas être mauvais.

Ce qui est étonnant, c'est que cet accord ne change rien sur le fond. Les Iraniens ont attendu douze ans pour le signer. La raison est simple : cette décennie "perdue" en palabres a permis à Téhéran de maîtriser l'ensemble de la filière nucléaire. En clair, dix années ont été nécessaires à l'Iran pour être aussi près que possible de La fabrication d'une bombe atomique. L'objectif est atteint : l'Iran appartient désormais au Club des pays qui n'ont pas La bombe mais qui pourraient l'assembler.

Une signature était donc envisageable. Il aura fallu deux années de plus pour convaincre les Occidentaux - et surtout Les Américains - du sérieux de la République islamique et de sa (bonne) volonté de coopérer dans le détail avec le reste du monde. C'est donc chose faite. L'Iran est désormais un pays avec Lequel on peut signer des traités. Or c'est précisément ce qui change tout. Depuis la révolution de 1979, l'Iran n'était pas seulement un paria international, Le pays n'était plus pris au sérieux. 
Depuis plus de trente-cinq ans, rien de ce qui sortait d'Iran ne semblait raisonnable : des déclarations du président Ahmadinejad appelant à La destruction d'Israël aux diatribes contre les Etats-Unis, tout semblait confirmer La justesse de la mise au ban de Téhéran.

Que s'est-il passé pour qu'un accord soit possible? Les grandes manifestations étudiantes et citadines de 2009 en Iran. Elles ont certes été réprimées et se sont souvent terminées par de la prison pour les meneurs, mais elles ont réveillé les mollahs.

Elles leur ont rappelé que plus des deux tiers de la population iranienne sont nés après la révolution de 1979 et que Leurs aspirations n’étaient pas révolutionnaires mais bien pragmatiques : des emplois, moins de censure, plus d'ouverture sur le monde.

L’accord du 14 juillet est en fait l'aboutissement d’une course de vitesse entre les conservateurs du régime iranien, qui voulaient à tout prix leur bombe, et Les modérés qui voulaient répondre aux aspirations de la classe moyenne pour conserver le pouvoir.

Les grandes puissances ont ainsi signé la victoire - symbolique - des modérés du régime. Surtout, ils ont réintroduit l'Iran dans le jeu diplomatique, ce qui était encore inenvisageable il y a quelques mois à peine.

C'est ce qui rend fous les Saoudiens, auxquels un Iran marginalisé convenait. Que Leur puissance régionale puisse être relativisée par 80 millions d'iraniens notoirement plus sophistiqués qu’eux Leur donne des cauchemars. Tout ce qui se passe au Moyen-Orient doit en grande partie être lu à l'aune de cette obsession. Le pari des Américains est qu’il vaut mieux avoir deux interlocuteurs dans la région - l’Iran et l'Arabie Saoudite. Quant à Israël, le pays n'a jamais vraiment cru à son propre discours sur la dangerosité nucléaire de l'Iran. D'ailleurs, l’accord à peine signé, Les militaires israéliens envoyaient à Washington une liste de courses au titre de compensation.