13/09/2015

Investissements en Iran

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La fin des sanctions contre Téhéran aiguise les appétits en Allemagne, un pays autrefois premier partenaire économique de l’Iran.

Après l’accord sur le nucléaire iranien, le monde des affaires allemand songe avec espoir à l’après-sanctions. Les principales fédérations professionnelles tablent sur un accroissement rapide du commerce extérieur une fois les restrictions levées [début 2016 au plus tôt]. “Si l’accord est effectivement appliqué et que l’Iran se retrouve à nouveau intégré à la communauté internationale, la taille de ce marché, qui représente 80 millions de personnes, et le besoin de modernisation du pays permettent à eux seuls d’envisager une croissance à deux chiffres dans les prochaines années d'apres Anton Borner, président de la fédération BGA. D’ici quelques années, le commerce pourrait certainement doubler par rapport au pic de 5 milliards d’euros de 2005.” Si l’Iran respecte ses obligations, il peut de plus espérer le déblocage de plus de 100 milliards de dollars qui ont été gelés sur des comptes à l’étranger.

Riche en pétrole, l’Iran est un partenaire des plus attrayants économiquement. L’Allemagne est l’un de ses partenaires commerciaux historiques, et elle en a même été longtemps le principal. L’adoption des sanctions en 2006, leur renforcement en 2010 et en 2012 ainsi que les pressions exercées par Washington sur les banques européennes qui finançaient les affaires ont provoqué l’effondrement des échanges entre les deux pays. En 2009, la Chine a finalement remplacé l’Allemagne au rang de premier partenaire de l’Iran. Les relations commerciales germano- iraniennes n'ont cessé de s’affaiblir de 2007 à 2014, mais l’année dernière les échanges sont repartis à la hausse : l’Allemagne a livré à l’Iran pour 2,4 milliards d’euros de marchandises, soit un bond de 30 %, tandis que l’Iran exportait vers l’Allemagne pour 300 millions d’euros de marchandises, en hausse de 8 %. L’Iran se trouve ainsi à la 62e place des partenaires commerciaux de l’Allemagne, derrière des pays comme la Colombie, l’Azerbaïdjan et le Qatar.

La Fédération de l’industrie allemande insiste sur le grand besoin de modernisation des infrastructures industrielles iraniennes. “L’industrie pétrolière, en particulier, ouvre de belles perspectives aux Allemands pour la construction d’équipements et de machines, assure Ulrich Grillo, son président. La construction automobile, l’industrie chimique, la santé et le développement des énergies renouvelables offrent également de nombreuses possibilités.”

Même son de cloche chez le groupe Siemens. Après des décennies d’isolement de l’Iran, les infrastructures sont complètement obsolètes. C’est le cas des routes et des voies ferrées, mais aussi des secteurs pétrolier et gazier. Selon les analystes, l’Iran a un besoin énorme de renouveler ses équipements d’extraction de brut, parce qu’ils ont été mal entretenus. Il lui faudra donc beaucoup de temps avant de revenir au volume de production d’antan, juge la banque Bayern LB. Or le pétrole brut représente près de la moitié des exportations du pays. D’après les estimations, le sous-sol iranien contient 10 % des réserves mondiales. Pour exploiter ses gisements de gaz - moins exploités [mais énormes, puisque le pays détient les plus importantes réserves prouvées de gaz au monde] -, l’Iran reste dépendant de la technologie étrangère. Le groupe allemand Linde pourrait ainsi voir s’ouvrir des perspectives dans la liquéfaction et les raffineries.

Consommation

C’est pour exploiter ces matières premières que les premières grosses commandes devraient tomber en cas de levée des restrictions. La consommation pourrait ensuite prendre le relais, même si, au pays du pétrole, le secteur de l’automobile joue aussi un rôle important. On songe aux constructeurs comme Mercedes, BMW, Audi et Volkswagen. Pour Siemens, les infrastructures énergétiques et le secteur des transports sont également intéressants. Le groupe avait déjà participé à la construction du chemin de fer transiranien dans les années 1930. Historiquement, l’Iran a aussi longtemps représenté un marché important pour le Mittelstand [les petites et moyennes entreprises allemandes] : certaines commencent déjà à ressortir leurs antennes. Herrenknecht, le leader mondial du percement de tunnels, mise sur la fin des sanctions. Martin Herrenknecht, son PDG, s’est d’ailleurs entrenu récemment avec des responsables à Téhéran - peut-être pour évoquer la construction de lignes de métro ou de canalisations.

Selon les estimations occidentales, le produit intérieur brut de l’Iran atteint 366 milliards d’euros, soit l’équivalent de celui des Lânder de Hesse et de Berlin réunis.

Un marché réputé difficile


La France se met elle aussi en ordre de marche pour retourner en Iran, notamment pour reconquérir les parts du marché de l’automobile perdues en raison des sanctions. “Peugeot et Renault dominaient autrefois le marché iranien", rappelle le Financial Times. Peugeot a d’ores et déjà jeté des jalons, en se rabibochant avec son ancien partenaire local, Iran Khodro. En voisin, la Turquie espère aussi de fortes retombées économiques de l’accord sur le nucléaire iranien. “Libye, Egypte, Irak, Syrie, Ukraine, Grèce et Russie, ces dernières années, tous ces pays avec qui la Turquie a des relations commerciales privilégiées ont affronté des crises, qui ont eu des répercussions négatives sur l’économie turque. Tranchant avec l’euphorie ambiante, le Wall Street Journal reste sceptique. Même si à terme les sanctions sont levées, les obstacles aux affaires vont perdurer en Iran, juge le quotidien américain. “La République islamique a la réputation tenace d’être un endroit difficile pour les étrangers qui veulent y faire du business.” En cause: la bureaucratie, la corruption et l’intervention du politique et des militaires dans les affaires.



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