15/12/2017

Quand la Chine espionne les Allemands sur LinkedIn

Espionnage chinois


Elle s’appelle Laeticia Chen. Sur sa photo, elle semble avoir une trentaine d’années, porte un tailleur sombre. Dessous, il est écrit qu’elle est manageuse au Centre chinois de politique et d’économie internationales, à Pékin, où elle s’occupe de «l’évaluation des projets». Si vous travaillez en Allemagne et que votre métier vous met en contact avec la Chine, peut- être avez-vous reçu un jour un e-mail vous invitant à la «rejoindre » sur LinkedIn, le célèbre réseau social professionnel ?

Si, en revanche, vous n’avez pas déjà été sollicité, sachez que cela n’arrivera pas. Laeticia Chen n’existe plus. D’ailleurs, elle n’a jamais existé. Son CV était faux. C’est la raison pour laquelle LinkedIn a supprimé son profil, ainsi que plusieurs autres du même type, lundi 11 décembre, vingt-quatre heures après que l’Office fédéral de protection de la Constitution (BFV), le service de renseignement intérieur allemand, eut révélé que la Chine utilisait le réseau social à des fins d’espionnage outre-Rhin. Bref, tous les services de renseignement l'utilisent.

« Il s’agit d’une vaste tentative d’infiltration de parlementaires, de ministères et d’agences gouvernementales», a déclaré Hans- Georg Maassen, le directeur du BFV. Après avoir enquêté pen- dant neuf mois, l’agence a indiqué, dimanche, que plus de 10000 personnes avaient été sollicitées, surtout sur LinkedIn mais aussi sur d’autres réseaux sociaux, sans préciser lesquels, par de prétendus consultants, chasseurs de têtes, universitaires ou responsables de think tanks chinois en quête de contacts en Allemagne. Et il ne s’agirait que d’une évaluation provisoire. « Il pourrait y avoir un grand nombre de personnes cibles et de faux profils qui n’ont pas encore été identifiés», a prévenu le BFV, qui, outre celui de Laeticia Chen, en a dévoilé une dizaine d’autres.

Une fois la connexion établie, les espions se cachant derrière ces faux profils avaient pour mission de collecter un maximum de renseignements sur leurs victimes. Certaines d’entre elles, jugées les plus intéressantes, auraient même été invitées à se rendre en Chine afin de participer à des rencontres avec des personnalités haut placées. L’occasion, pour le régime, de soigner ses relations avec des personnalités étrangères susceptibles de lui fournir des informations précieuses...

Pékin a qualifié de « totalement infondées » les accusations proférées par les services allemands de renseignement. « Nous espérons que les autorités compétentes en Allemagne parleront et se comporteront à l’avenir de façon plus responsable au lieu de porter atteinte à nos relations bilatérales», a déclaré, lundi, le porte- parole du ministère chinois des affaires étrangères, Lu Kang ...


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